Le coffre au trésor

A ce jour, le moment que je préfère dans mes accompagnements en sophrologie, c’est l’Anamnèse.

La première séance.

J’ouvre la porte, et je découvre le visage de celui ou celle avec qui j’ai déjà échangé quelques mots au téléphone. Cette personne avec qui je vais à présent faire connaissance. Et quelle que soit cette personne, je sais déjà que je vais être embarquée dans un bout de son histoire, et que ça va être passionnant.

Une séance entière de découverte mutuelle, entre mon patient et moi. Pendant une heure entière (parfois même un peu plus, quand ils ont beaucoup à dire et sont en confiance).

Pendant cette séance très particulière, j’ai l’impression que ce patient qui se tient devant moi est un coffre au trésor… J’ai en ma possession un trousseau de clés, et je ne sais pas s’il contient LA clé…

Alors je laisse la séance se dérouler, le patient se dévoiler… Ou pas… A son rythme…

Parfois le coffre semble transparent : la demande est évidente, le courant semble passer, c’est du tout cuit !… Mais sans LA clé, le coffre reste verrouillé… On ne peut que regarder à travers, tourner autour… le Trésor reste inaccessible… Quelques séances et puis s’en va…

Parfois le coffre est ultra-sécurisé, bardé de multiples serrures et verrous, des codes, des alarmes, des pièges… On introduit une clé, mais ça bipe de tous les côtés… Et on sent qu’il vaut mieux ne pas forcer… Au fil des séances, le système de sécurité s’allègera peut-être… Ou le mystère restera intact…On verra…

Impossible de le savoir dès le début…

Et parfois, sans l’avoir vraiment voulu, sans l’avoir vraiment cherché, presque par hasard, on utilise LA clé… Le verrou saute, la serrure cède sans forcer, le coffre s’ouvre naturellement…

Et là…

On ne peut qu’être émerveillé par le joyau qu’on a le privilège de contempler…

Je me nourris jour après jour de toutes ces histoires de vie qu’il m’est donné d’entendre. J’écoute avec toute l’attention dont je suis capable. J’apprends, chaque jour, avec chaque patient.  Que le coffre s’ouvre ou pas…

Mais lorsque qu’il s’ouvre…

Fluidité des échanges, sensation d’alignement, sincérité réciproque, authenticité. Impression de donner un peu et de recevoir tellement…

Difficile de mettre des mots… Parfois je ne m’en rends vraiment compte qu’après coup… Quand il reste après la séance cette sensation de chaleur dans mon thorax, comme une boule d’énergie qui irradie et m’emplit de cet indéfinissable sentiment de plénitude…

La certitude que je suis à ma place.

Et la conscience très forte du privilège qui m’est accordé de pouvoir découvrir ces personnes dans leur intimité… De pouvoir vivre ces moments et de les savourer…

 

Le nerf de la guerre

Je vais continuer à vous conter les étapes de ma reconversion de médecin généraliste vers le métier de sophrologue (ça, c’est pour les moteurs de recherche, c’est fait!)

J’ai déjà abordé les freins au changement qui se sont manifestés pour moi (et qui se sont avérés être des limites que JE m’imposais à moi-même, je le rappelle : ce qui semblait insurmontable avant la décision me semble presque dérisoire aujourd’hui… Une fois l’obstacle franchi, il semble immédiatement moins effrayant !)

La peur du manque d’argent en était un, et non des moindres, d’autant plus que j’étais la seule source de revenus de notre famille (nombreuse) : l’Homme a démissionné de son poste salarié lorsque j’attendais notre 3e enfant et a été père au foyer pendant 10 ans pour s’occuper du quotidien de nos 3 puis 4 enfants. J’étais alors remplaçante.

Lorsque je lui ai annoncé ma décision, il m’a dit grosso modo :

« OK, super, fonce, depuis le temps que tu en parles, si tu sens que tu es prête, vas y. »

Devant ma surprise face à son absence totale de craintes pour le futur, il ajouta :

« Tant que tu continues à ramener assez d’argent pour nous faire vivre, il n’y a pas de problème… »

S’en est suivi une mise au point sur le fait que je ne gagnerai jamais autant en tant que sophrologue qu’en tant que médecin… Qu’il fallait se préparer à des changements radicaux dans notre mode de vie. Mais que bien sûr, je ne ferai rien qui risque de nous mettre dans la merde.

Nous avons abordé les choses acceptables pour nous (ne pas partir en vacances, privilégier les achats d’occasion, limiter les sorties au maximum, ne plus faire de formations pendant un moment, etc…) et les limites que nous ne voulions pas franchir (vendre la maison, priver les enfants de leurs activités, manger de la merde, etc…)

Et nous nous sommes rassurés en nous disant qu’avec mon métier, j’avais de multiples possibilités de compléter mon revenu : gardes, remplacements, salariat, etc…

J’avoue que j’avais espéré un soutien différent de sa part, mais je décidais de me focaliser sur sa confiance en moi, et sur la totale liberté dont je pouvais bénéficier pour prendre le chemin que j’avais choisi.

J’ai commencé à annoncer ma décision à ma famille au cours des fêtes de fin d’année. J’ai reçu en retour de belles marques de confiance également, la compréhension, et le soutien, moral et financier. (Je pouvais compter sur mes parents en cas de coup dur, ou pour un investissement de départ. Je n’avais pas l’intention d’en profiter, mais savoir qu’on ne se lance pas sans filet est rassurant)

Un mois après environ, sans que nous en ayons reparlé, l’Homme m’a annoncé qu’il s’était inscrit à Pôle Emploi pour trouver une formation et se remettre sur le marché du travail. Je lui suis tellement reconnaissante pour cet engagement dans mon projet…

Trois mois plus tard (au rythme très… particulier de Pôle Emploi) il intégrait une formation à temps plein, rémunérée, sur 3 mois. Le stage de fin de formation a débouché sur un contrat saisonnier en intérim de 2 mois, qui s’est prolongé finalement pendant 6 mois, et va sans doute déboucher sur un CDI dans les prochains mois. C’est au SMIC, mais c’est la stabilité, la valorisation sociale et professionnelle pour lui, et la réintégration dans une sorte de « normalité » pour notre famille et notre couple.

Ça a demandé une certaine capacité d’adaptation rapide (« Je commence lundi. » / OK, qu’est-ce qu’on fait des enfants ??!!) et des ajustements constants, mais cet argent qu’il gagne, je n’ai pas à le trouver toute seule. C’est un poids en moins. Ce partage des responsabilités financières est un vrai soulagement pour moi, même s’il’reste inégal.

Alors oui, les enfants découvrent la cantine, le périscolaire, aller à l’école avec un Doliprane quand ils ont un peu de fièvre, mais c’est aussi une expérience pour eux, comprendre qu’il n’y a pas « une normalité et rien d’autre » mais que nos vies sont ce que nous décidons d’en faire, avec les avantages et les inconvénients qui vont avec…

De mon côté, j’ai postulé pour devenir médecin vacataire en PMI en parallèle à la sophro.

C’est clairement un choix guidé par mon plaisir à suivre des nourrissons (j’avais une activité très axée pédiatrie, et j’aimais beaucoup ça; ça m’embêtait de perdre complètement cette facette de mon activité) et pas par calcul financier. (Spoiler: ça ne paye pas bien !)

Je fais donc des consultations de pédiatrie préventive deux demi-journées par semaine, en plus de mes séances de sophrologie. C’est une activité salariée.

Lorsque j’ai dévissé ma plaque, je n’avais aucune idée de la demande que je rencontrerai en sophrologie. J’avais pris le parti de me laisser une totale disponibilité pour cette activité. Je n’ai donc pas cherché de remplacements.

J’ai cependant eu plusieurs mauvaises surprises.

D’une part, le licenciement de mes employées m’a coûté beaucoup plus cher que prévu. Essentiellement du fait d’une négligence de ma part. Ce qui a été une illustration du principe qu’on ne s’improvise pas employeur/comptable/chef d’entreprise.

D’autre part, mon téléphone n’a pas DU TOUT sonné pendant 3 semaines. Pas UN SEUL nouveau patient à l’horizon. J’étais fort occupée par la rénovation de mon local, qui a (évidemment) pris beaucoup de retard par rapport à mes prévisions, du coup je n’avais pas trop le temps de penser, mais l’argent que j’avais mis de côté pour la transition à fondu comme neige au soleil, et j’ai eu quelques sueurs froides concernant notre situation financière.

J’ai donc commencé à chercher frénétiquement des gardes de WE et des remplacements. J’avais imaginé pouvoir éviter cela, mais avec un peu de recul, c’était vraiment naïf de ma part. Ce n’est pas grave, j’assume ma naïveté ! Tant que je sais rebondir et voir la vérité en face à temps !

J’ai donc trouvé un cabinet où j’ai programmé une semaine de remplas à chaque vacances scolaires (le cabinet de sophro sera fermé ces semaines là) et où j’ai fait des mercredis matins en rempla régulier. J’ai sollicité les confrères des secteurs alentour de me donner leurs gardes de WE. Et j’ai entrepris de redresser la barre sur mon compte en banque.

J’ai pris le parti de remplacer suffisamment loin de mon ancien cabinet pour ne pas retomber sur mes anciens patients. Dans ma ville je veux être juste sophrologue. Ça arrive que j’en rencontre l’un ou l’autre en garde, mais ça ça va, je peux l’assumer.

De fil en aiguille j’ai arrêté les mercredis matins, et je me suis concentrée sur les WE, notamment les samedis matins, dont de nombreux confrères sont ravis de se décharger ponctuellement ou régulièrement.

La semaine, je fais donc de la sophro et de la PMI, et le WE je fais de la médecine générale…

Je n’ai pas encore quitté le système, on ne peut pas dire que je sois vraiment « reconvertie », mais j’ai passé des étapes, et non des moindres.

Je ne suis plus employeur. Je ne suis plus rémunérée sur des objectifs soi-disant « de santé publique » plus que discutables. Je ne suis plus responsable de la gestion et de la mise à jour d’un système informatique que je trouve complexe. Je n’ai plus la responsabilité au long cours de la santé des patients qui m’avaient choisie comme médecin traitant. Je ne suis plus harcelée administrativement. J’ai beaucoup moins l’impression d’être le dindon de la farce (méprisée par la caisse, certains spécialistes d’organe, et certains patients) Je n’ai plus la pression de cette demande incessante et toujours croissante qui me faisait me dire « pour le moment je tiens le coup, mais combien de temps, ce n’est pas vivable sur la durée »

En contrepartie, je reste un service de consommation. Je n’ai plus la confiance des patients qui sont amenés à me consulter et qui me subissent. Je n’ai pas beaucoup de WE libres.

Mais je ne le vis plus du tout de la même manière qu’à l’époque où je n’étais « que » remplaçante. Mon expérience fait que je vis beaucoup mieux cette activité. Je n’ai plus peur de me planter, de passer à côté de quelque chose (enfin si, toujours un peu, forcément, on l’a tous, cette peur… Mais elle est à un niveau tout à fait tolérable) Et je sais que « ma vie est ailleurs », que ce n’est qu’un mal nécessaire, que j’ai un autre cadre pour m’épanouir. Et honnêtement ce n’est même pas désagréable ! Je découvre d’autres façons de travailler, d’autres gens… Et ça me fait réaliser que mon organisation, mon association, ma façon de travailler, n’étaient pas si idéales que je pensais. Oui, j’avais mis en place des choses pour mieux vivre (notamment aller chercher mes enfants à l’école le midi et manger avec eux presque tous les jours, et me libérer le mercredi pour eux également) Mais plein de choses étaient vraiment bancales et je ne m’en rendais pas vraiment compte…

Pour finir, puisque le sujet de ce billet est l’argent, j’ai étudié mes comptes pour le dernier trimestre.

J’ai gagné en 3 mois (en brut) 1500€ avec la sophro, et 10600€ avec la médecine. Dire définitivement bye bye à la médecine n’est donc pas du tout à l’ordre du jour ! Mais ce n’est pas un problème… Je suis mon chemin, et j’arrive à payer mes factures, c’est tout ce qui compte.

Et puis les choses évoluent… Moi qui n’avais aucune intention de faire des séances de groupe, j’ai été contactée par une infirmière qui travaille près d’un cabinet où je remplace, pour présenter la sophro lors de séances d’éducation thérapeutique, une fois par mois. Une belle intégration de mes deux professions… Et cela donne également une cohérence à mes choix : les remplacements représentent aussi une opportunité de me faire connaître et de rencontrer des « prescripteurs » potentiels…

Sur le plan administratif, j’ai un numéro SIREN unique, avec 2 codes différents pour mes 2 activités (médecin remplaçante à mon adresse perso, et sophrologue à l’adresse de mon cabinet, en activité secondaire) Et j’ai un identifiant spécial pour la PDSA (permanence des soins ambulatoires) qui me permet de prendre des gardes en mon nom propre (sans avoir à remplacer quelqu’un) et donc d’encaisser directement des honoraires, dans ce cadre uniquement, ainsi que l’indemnité d’astreinte. Je suis donc indépendante pour les gardes, ce qui est confortable.

Voilà dans les grandes lignes pour la question de l’argent.

Qui reste le nerf de la guerre, on ne se voile pas la face, mais ne doit pas être une excuse pour ne rien entreprendre ;-)

 

I did it !

Moulte fois j’ai eu des velléités d’écrire un nouveau billet… En fait dans ma tête j’en ai écrit mille à peu près ! Car il s’est passé tellement de choses au cours de cette année… Des choses que j’ai envie de partager ici car (à ma grande de surprise je l’avoue) il y a toujours du passage sur ce blog, toujours des gens qui tapent « reconversion médecin généraliste » sur leur moteur de recherche et qui arrivent ici…

J’ai envie de témoigner que « OUI C’EST POSSIBLE » !

Je l’ai fait !

J’ai dévissé ma plaque.

J’ai pris la décision au cours d’une ballade en forêt, une de celles que je fais seule, pour me ressourcer, quand je sens qu’il y a trop de choses qui tournent en boucle dans ma tête. C’était au retour d’une formation  de psychogénéalogie. Pendant trois jours, j’avais réfléchi sur mon arbre, sur ma place, dans ma lignée et dans ce monde, sur ce qui m’appartenait ou pas, sur la vie que je menais, celle que je voulais vivre, ce qui m’empêchait de la vivre…

La conclusion que je n’avais pas encore posée intellectuellement à ce moment là, mais que je commençais à sentir (ça bouillonnait fort!) c’est que tous les freins, toutes les barrières que je voyais, qui m’enfermaient, ils étaient internes. Ils ne venaient pas tous de moi, beaucoup de choses ne m’appartenaient pas, mais il ne tenait qu’à moi de décider.

Et donc j’ai décidé.

Comme ça.

J’ai fixé la date. J’ai respecté le préavis fixé dans notre contrat pour prévenir mon associé  (9 mois… C’est à la fois très long et très court…) J’ai décidé de prévenir mes patients et les confrères 4 mois avant « la date ». Pendant 5 mois, rien n’a donc vraiment changé,  sauf que tout avait changé : ma libération  était en cours. Je ne passerai pas un autre hiver en médecine générale, dans ce cabinet.

Il n’y avait que mon associé et ma secrétaire qui étaient au courant. Ils ont été absolument adorables. On a vécu ces quelques mois entre parenthèse, à se projeter chacun dans la suite sans trop en parler.

Mon associé a été juste génial, il m’a facilité les choses du début à la fin, malgré le coup dur que ça représentait pour lui (je l’avais prévenu quand il a succédé à mon ancien associé que je ne comptais pas rester là très longtemps, mais ni lui ni moi n’avions prévu que nous ne serions finalement associés que 18 mois…) Il n’a pas voulu chercher d’associé tout de suite. Officiellement il m’a dit vouloir gérer seul la transition, préférant rester seul qu’être mal accompagné. Il y a quelques semaines, lors de l’inauguration de mon nouveau local, il a dit à mon mari qu’il avait voulu me laisser la possibilité de changer d’avis et de revenir… J’ai trouvé ça tellement mignon! Mais bon… Hors de question que je revienne… Il l’a bien compris ce jour là, me voyant heureuse et fière de présenter à tous ma nouvelle activité, ma nouvelle vie…

L’annonce aux confrères de ma ville a été difficile. Ça me tenait à coeur bien plus que je ne l’imaginais… J’ai traîné beaucoup de culpabilité pendant cette année… Cette impression d’abandonner tout le monde, me sentir comme un rat qui quitte le navire, de laisser les autres dans leur merde pour vivre mon petit trip égoïstement… Mais une fois le mail envoyé, je me suis sentie tellement soulagée, et les réponses que j’ai reçues ont été globalement très bienveillantes. Je pouvais enfin dire qui j’étais, et me sentir pleinement en accord avec moi même, après 20 ans de tiraillements, à ne pas me sentir à ma place, à ne pas m’autoriser à être qui je suis…

L’annonce aux patients, celle que je redoutais le plus, a été bien moins difficile que prévu. J’ai mis une affiche en salle d’attente, et j’ai donné à chacun en consultation un courrier expliquant mon choix de façon plus complète. Je voulais envoyer ce courrier à ceux que je n’aurais pas eu l’occasion de voir au cours de ces 4 mois, mais une chose en entraînant une autre, je ne l’ai pas fait… Il y a donc quand même quelques personnes qui auront eu la surprise d’apprendre mon départ après coup, en voulant prendre RDV… Tant pis…

Je m’attendais à des larmes, de la colère, de la culpabilisation, de l’émotion à n’en plus finir… Et en fait, tout s’est passé plutôt posément, calmement, sans trop d’effusions ! Il y a eu des témoignages vraiment émouvants (pas forcément de ceux que j’aurais imaginé), quelques larmes, quelques reproches aussi… Mais j’étais prête. Et je crois qu’on a fonctionné en miroir… J’étais sereine, droite dans mes bottes, et ça n’a pas laissé beaucoup de place en face pour les débordements !

Et puis un matin, c’était mon dernier jour… Un jour comme un autre, finalement, sauf que je n’y suis plus retournée après… (et en écrivant ces mots, j’ai les larmes qui picotent, donc malgré tout, je crois que l’émotion autour de tout ça n’est pas encore tout à fait digérée!) C’était un vendredi.

On a vidé le bureau avec l’Homme le dimanche. L’occasion de croiser l’ancien associé qui traîne encore par là parfois pour des raisons discutables. Je venais de pleurer toutes les larmes de mon corps devant les bennes de la déchetterie. Je me sentais tellement vulnérable. Le voir, lui parler, n’ont fait que me conforter dans ma décision. J’ai senti la force en moi, face à lui. C’était une évidence. Comme une boucle bouclée. Le mépris. L’arrogance. L’hypocrise. Je quittais tout ça, aussi, à l’image d’un système auquel je n’appartiens pas.

Je reprenais ma liberté.

J’ai dévissé ma plaque.

J’ai retrouvé ma liberté.

 

 

La date est fixée…

Bientôt 4 ans que j’ai écrit ce billet: « Le blues d’une jeune médecin généraliste »

Et toujours la surprise de recevoir des commentaires de médecins qui se questionnent sur leur avenir professionnel… Apparemment, quand on tape « reconversion professionnelle », on arrive chez moi ^_^

Cela fait plus d’un an que je n’ai pas donné de nouvelles par ici, je saisis l’occasion (un nouveau commentaire) pour y remédier, d’autant que les choses avancent pour moi (enfin ^_^’)

J’en étais restée à l’arrivée prochaine du successeur de mon associé, la fin de ma formation sophro, et mon envie de profiter des avantages de ma situation d’installée…

L’associé est donc parti en retraite, et le successeur est arrivé. Avec lui, un élan d’enthousiasme, une convivialité toute nouvelle, la possibilité que tout évolue vers l’apaisement et le renouveau…

Mais ce bel élan ne fait pas le poids face à la réalité de mon exercice de la médecine générale au quotidien, de la nouvelle Convention que la DAM est gentiment venue me présenter (augmentation des tarifs, mais augmentation en parallèle des contraintes administratives, des contrôles statistiques, etc…), de la saison des épidémies qui chaque hiver, inlassablement, me remet face à l’absurdité de notre système de soins, à l’absence de volonté « politique » d’éduquer la population (à ne pas consulter quand ce n’est pas nécessaire)

Tout cela mis en parallèle avec l’exercice de la sophrologie que j’ai commencé à mettre en place pour mes patients : des séances longues (1h30), au cours desquelles on prend le temps de parler, de remettre en perspective les symptômes fonctionnels, de proposer des outils pratiques, simples, efficaces et non nocifs… Où le patient redevient « responsable » de sa santé (par opposition à ce que je ressens en médecine, où le patient vient m’apporter ses symptômes, s’en décharge, et attend de moi que je lui prescrive un médicament ou un examen complémentaire, pour régler son problème… son problème qui devient « mon problème »…)

Enfin bref, je ne vais pas revenir sur mes frustrations de médecin généraliste, que j’ai déjà largement développées ici, et qui n’engagent que moi ;-) (heureusement, tous les généralistes ne les partagent pas!)

Le point intéressant, c’est que j’ai enfin la confirmation d’avoir trouvé la place que je veux occuper, et ça c’est une bonne nouvelle !…

J’ai commencé à exercer la sophro en septembre, en me présentant comme « praticien en formation », à un tarif assez dérisoire, car je n’avais pas suffisamment confiance en moi pour me prétendre « sophrologue »… Je trouvais ça malhonnête de démarrer avec si peu d’expérience… Mais il fallait bien commencer par quelque chose !

J’ai eu la surprise de rencontrer tout de suite une forte demande… et de constater que les patients se fichaient bien de savoir que j’étais encore en formation : ils avaient confiance en moi en tant que médecin, ils avaient confiance en moi en tant que sophrologue… et les résultats étaient là… Même si mes protocoles thérapeutiques étaient balbutiants, les patients revenaient, et me disaient combien les séances leur faisaient du bien…

Comme j’avais rajouté les séances sur mon temps libre, en plus de mon activité habituelle, je me suis rapidement retrouvée épuisée, dépassée, et paradoxalement découragée… Je ne pourrai pas continuer d’exercer les deux activités en parallèle… Du coup, je me suis vue laisser tomber la sophro et continuer la médecine… Pour des raisons « évidentes »: je ne pouvais pas gagner autant en sophro qu’en médecine (or j’ai une maison à payer et un certain nombre d’enfants à nourrir et habiller!), je ne pouvais pas abandonner mes patients, je ne pouvais pas laisser tomber mon nouvel associé…

Et puis j’ai repris le chemin de la psychothérapie (en tant que patiente) et j’ai fait un stage de psychogénéalogie… et le déclic a eu lieu… la décision s’est presque imposée…

J’ai donc fixé la date de mon « déplaquage », que j’ai annoncée à mon associé, et voilà… la machine est lancée…

Je vais chercher un local où j’exercerai seule, en tant que sophrologue. Je prendrai des gardes et quelques remplacements pour des raisons financières évidentes, jusqu’à ce que j’arrive à rééquilibrer notre « train de vie » à mes revenus…

Pour le moment, j’ai l’impression que tout ça est irréel, que ça ne va pas VRAIMENT se passer…

Les prochains mois vont sans doute m’ancrer dans le concret : le préavis pour le bail, prévenir les patients et les confrères (et assumer les retours…), et toutes les formalités administratives dont je ne mesure sans doute même pas encore l’ampleur (j’en profite pour lancer un appel: si vous étiez installé, que vous avez dévissé votre plaque pour reprendre des remplacements, et que vous avez des conseils à me donner… n’hésitez pas! En commentaires, par mail (kalindea »at »gmail.com), ou sut Twitter (@kalindea)

Présentement, j’oscille joyeusement entre :

« Yeaaah, enfin, je vais vivre MA vie, et faire ce dont je rêve depuis si longtemps »

Et :

« Je suis inconsciente, je vais droit dans le mur, je rejette une situation sûre et confortable pour une chimère, qu’est-ce qui me prend? »

Mais bon… La machine est lancée… Je suis intimement persuadée d’être dans le vrai, dans l’écoute de mes besoins vitaux et le respect de moi-même… Partant de là, il faut que je vive cette expérience, et si d’aventure ça ne marche pas, il sera toujours temps de se reposer les bonnes questions, et de faire de nouveaux choix…

L’avenir m’appartient, à moi d’en tirer le meilleur !

Je vous souhaite à tous une belle année 2017, réalisez vos rêves, devenez celui/celle que vous êtes ;-))

 

 

Je suis presque sophrologue !

Je reviens poser par ici la suite de mes « aventures », qui seraient plus justement qualifiées de cheminement, voire de « chemin de vie » si on voulait leur donner une connotation plus existentielle ! (moi en tout cas, c’est comme ça que je vois mon parcours…)

Je profite d’une heure d’attente en gare avant qu’arrive le train qui va me ramener chez moi, après 5 jours particulièrement intenses, les 5 derniers jours présentiels de ma formation de sophrologue.

Que de chemin parcouru depuis janvier…
Nous avons requalifié nos objectifs de début de stage avant de partir…
– « Reconversion professionnelle » : en cours d’acquisition
– « Trouver ma place » : acquis
– «  Prendre du plaisir » : acquis
Quel que soit le résultat final de tout ça, je trouve que c’est déjà pas mal, en terme d’objectifs !

J’ai passé cette semaine une évaluation théorique, et deux évaluations pratiques (une conduite d’entretien avec synthèse et élaboration d’un plan thérapeutique, et une pratique sophro)
Pour être validée, je dois avoir au minimum 12/20 à chacune des 3 épreuves.
Je pense que ça devrait passer…
Il me reste des devoirs écrits à rendre (8 ou 9, vu que je n’ai pas du tout commencé) et un livre d’or à remplir (je dois recueillir le témoignage de 50 personnes à qui j’aurai fait des pratiques… sachant que pour le moment j’en ai royalement recueilli 7, sous vos applaudissements!!)
Une fois tout ceci fait, j’aurai le certificat de sophrologue-relaxologue.
Et je serai très fière de moi !
Pendant ce temps, je vais continuer à me former, j’ai prévu de me spécialiser dans différentes orientations (notamment les enfants, et l’accompagnement de la grossesse)

Tout cela est très riche, très intense, et me porte au quotidien.
Depuis que je fais de la sophro, je suis plus calme, plus concentrée, moins triste… Quand je doute je me projette mentalement dans un futur agréable, et cela m’aide à avancer…
Je serai heureuse de pouvoir transmettre cela… et tant d’autres choses !

Et sinon, concrètement (puisque c’est ce qui intéresse les personnes qui arrivent sur mon blog car ils veulent quitter la médecine générale…) comment ça va se passer pour moi par la suite ?

Et bien je suis désolée de vous dire que pour le moment je n’en sais rien ^_^’

Il semblerait que #MonAssocié ait trouvé un successeur (incroyable, non?!)
Quand il me l’a annoncé, sincèrement ma 1ère réaction a été « Et merde…. »
Je m’étais tellement préparée à ce qu’il ne trouve personne, comme je l’expliquais dans le billet précédent… Je m’étais presque faite à l’idée de fermer le cabinet dans quelques mois et de reprendre des remplacements… J’avais positivé ce gros changement qui me pousserait dehors sans que j’aie vraiment à me responsabiliser…

Cependant, depuis que j’avais cette échéance de fermer quelques mois plus tard, j’avais recommencé à voir tout ce qui m’avait poussée à m’installer… et que j’avais fini par trouver juste normal…
La régularité de mes horaires notamment…
La sélection naturelle de ma patientèle, aussi, qui est quand même globalement plutôt sympa (sans les idéaliser non plus, je dois reconnaître que beaucoup de mes patients sont respectueux, et ont accepté la plupart de mes « règles du jeu »… Ce qui est vraiment précieux… Et a demandé un vrai travail de fond dont il serait dommage de ne pas profiter…)
Depuis que je me voyais fermer, je regrettais déjà tous ces aspects positifs !

Si ça s’était fait comme ça, j’aurais su me concentrer sur les avantages de ma nouvelle situation…

Mais du coup, passée la sidération initiale à l’annonce de la venue d’un successeur, je me suis sentie remplie d’une terrible envie de profiter des avantages de la situation actuelle…
Je me suis inscrite à un cours de step le mardi à 20h (et mon adorable secrétaire met un point d’honneur à organiser mon planning pour que je puisse y être à l’heure, pluie de cœurs sur elle!)
J’ai inscrit deux de mes filles à l’équitation, comme elles me le demandaient depuis longtemps, puisque je ne consulte pas les mercredis (la régularité des mes revenus m’ayant permis de remonter la pente financièrement, ça aide aussi!)
J’ai décidé d’aller à la réunion d’orientation de ma fille un lundi à 18h… Ça me semblait impossible, mais finalement personne n’est mort (en tout cas pas à cause de ça), je n’ai pas eu une journée plus intense que d’habitude le lendemain ; ce fut finalement un non-événement, mais une vraie révélation pour moi : sur certains points, c’est moi qui définit les règles du jeu, et il faut savoir en tirer les avantages quand c’est possible. Voilà !

Enfin bref, tout ça pour dire que j’ai réinvesti ma vie professionnelle actuelle de façon positive…

Du coup, me direz-vous, est-ce que j’envisage de rester médecin généraliste ?

A long terme, la réponse est toujours non. Je pense que la sophro et tous les autres projets qui se dessinent (si vous saviez tout ce que j’ai envie de faire!!) vont devenir tellement plus passionnants que mon exercice de médecine générale que je vais forcément être amenée à les privilégier.

A court terme, la réponse est donc oui, je reste généraliste, mais je change d’associé, ce qui peut tout changer…

A moyen terme, la réponse est « je n’en ai fichtrement aucune idée »
Ça va dépendre du futur nouvel associé, de la vitesse à laquelle j’obtiens mon certificat de sophrologue, de la façon dont ma nouvelle activité sera accueillie par les patients (si j’ai tout de suite un succès fou, ça accélérera sans doute le processus^^), de si je trouve un collaborateur pour réduire mes plages de consultations en médecine générale, de comment évolue le système de soins (loi santé et autres joyeusetés type « délit statistique » pourraient aussi me conduire prématurément vers la sortie…)

Voilà donc où j’en suis…

A l’heure où j’écris, je suis épuisée mais heureuse, j’ai peur de me lancer mais je suis motivée, j’aime la médecine générale mais je veux toujours la quitter (juste pas tout de suite)

Je suis toujours « une généraliste qui voudrait bien faire autre chose », mais aujourd’hui j’ai une idée assez précise de ce que ce sera… J’ai encore besoin de temps pour y arriver, mais je ne doute plus… en tout cas plus de moi…

Au pied du mur

Bon bon bon…
Il semble que les choses vont s’accélérer pour moi…

Dans mon précédent billet (il y a 6 mois…), je vous donnais RDV dans 3-4 ans pour fêter mon dévissage de plaque, après une période de formation puis de transition en douceur vers ma nouvelle activité de psychothérapeute holistique…

Or #MonAssocié m’a annoncé cette semaine que finalement, s’il ne trouve pas de successeur, il prendra sa retraite dans un peu moins d’un an (il partira avant s’il trouve quelqu’un, mais ça, ça ne changerait rien à mes projets, en fait)
Il avait toujours dit « octobre 2017 » comme date limite sans successeur… Il avance donc son départ de 18 mois.
Ça ne change rien sur le principe, on est d’accord…
Il s’en ira un jour, et je me retrouverai toute seule. Sauf que pour moi, 18 mois de plus ou de moins, ça change tout… Dans 1 an, je n’aurai pas fini ma formation. Dans 2 ans et demi, si.

Du coup, je suis un peu en mode #Panique depuis mardi soir…

Quelles sont les options qui s’offrent à moi, dans l’hypothèse (plus que probable) où il ne trouve personne pour prendre sa suite ?

Je ne peux pas rester toute seule là où j’exerce actuellement, ça c’est à peu près sûr.

Déjà, je ne travaille pas tous les jours, et le passé m’a démontré que je ne PEUX pas travailler tous les jours.
J’ai besoin de mon mercredi : pour faire une pause dans la semaine, déjà, sinon je deviens méchante, je déprime, et je saoule tout le monde sur Twitter !
Et puis pour gérer les divers RDV de mes 4 enfants, qui ont malheureusement les pieds malfoutus, le dos en vrac, les dents de travers, des problème de prononciation, et des caries…
Je ne consulte pas non plus le vendredi après-midi, et je mets ce temps à profit pour faire les visites à domicile programmées, pour les renouvellements des personnes âgées qui ne peuvent plus venir au cabinet.
Quant au samedi matin, ne pas le travailler une semaine sur deux, c’est pas vital, mais c’est VRAIMENT appréciable…
Je sais que certains médecins qui fonctionnent seuls réussissent quand même à avoir des journées ou demi-journées off… Mais je pense que j’aurais du mal à assumer de laisser le cabinet fermé, sans possibilité de consulter (même si en pratique, pas mal de mes patients ne vont jamais chez #MonAssocié et attendent sagement le jeudi pour consulter… La possibilité de consulter un autre médecin du cabinet limite quand même le risque d’être accueilli par des « on peut mourir », le jeudi !)

Bref, ça c’est pour la question logistique et la continuité des soins.

Après, il y a le côté financier : Je ne peux pas assumer seule les charges de ce cabinet.
Sans entrer dans les détails, je ne peux pas…
Actuellement, je ne prends en charge que 40% des frais communs, donc même en passant la secrétaire à mi-temps, ça me coûterait plus cher…
Le loyer est incompressible de toute façon… Je pourrais déménager, certes. Mais sachant que de toute façon, je ne me vois pas rester très très longtemps encore, ça me semble beaucoup d’énergie (et d’argent sans doute) gâchés…

Donc là, tout de suite, la seule issue que je vois, c’est d’arrêter en même temps que lui…
Dans 11 mois, donc…
Et là ça fait « Aaaaaaargh » dans ma tête !
Parce que oui, c’est ce vers quoi je tends… Mais ça fait quand même une sacré différence quand c’est « j’arrêterai un jour, dans pas trop trop longtemps, mais je sais pas exactement quand » ou quand c’est « je dévisse dans 11 mois » (rho putain, à chaque fois que cette phrase traverse mon esprit, mon ventre se tord, c’est dément)

Est-ce qu’il y a d’autres options?

Rejoindre un autre cabinet de groupe ? Je ne vois pas bien qui dans mon secteur…
Et m’installer ailleurs, ça n’a pas de sens vu mes projets pour la suite…

Mais si j’arrête VRAIMENT dans 11 mois, ça veut dire que je devrais déjà commencer à refuser les nouveaux patients, à mettre les dossiers à jour en vue d’être transmis à qui de droit… A partir de quand je préviens #MonAssocié ? Et les patients ? Je ne veux prendre personne en traître, mais ça me semble tellement prématuré…

J’avais imaginé préparer mes patients progressivement, peut-être proposer de la sophro à certains au fur et à mesure, laisser faire le bouche à oreilles, et puis tout naturellement annoncer que j’arrêtais la médecine générale pour me consacrer à la sophro…

Là, je finis la formation de base en sophro fin octobre. Pour le moment, je n’ai RIEN…
Et puis je ne me fais pas d’illusions, je ne serai pas opérationnelle tout de suite, et je ne peux pas espérer gagner ce dont j’ai besoin juste avec la sophro… Je rappelle que je suis le seul support financier du ménage, mon mari ayant démissionné lorsque j’attendais notre 3e enfant… Il va commencer à chercher du travail en septembre, théoriquement, puisque la p’tite dernière va aller à l’école toute la journée… Ça nous soulagera quand même un peu pour payer nos charges… Mais après 10 ans à la maison, il ne pourra pas prétendre à un salaire mirobolant… Si tant est qu’il trouve du travail…)

Je ne vois donc pas d’autre solution que de refaire des remplacements et de prendre plein de gardes de WE…

Ça ne m’enchante pas vraiment, je l’avoue… Un peu comme une impression de régresser…
Évidemment, il y a des avantages : moins de charges, des semaines entières à la maison (si je trouve des remplacements suffisamment lucratifs… et sauf que je dois aussi développer mon activité principale de sophrologue, ne l’oublions pas…), moins de paperasses, moins de responsabilités, je ne serai plus l’employeur de personne (ce qui sera un vrai soulagement pour moi)
Mais quand je repense aux remplacements, je me souviens aussi de la galère de travailler dans un environnement qui ne me correspond pas, avec des horaires qui ne me conviennent pas, et des patients qui ne me ressemblent pas (les miens sont TROP sympas ^_^ surtout depuis que j’envisage de les quitter dans 1 an!) Et puis l’incertitude financière, toujours, quand on ne sait pas quelle activité on va avoir dans le prochain rempla…

Trouver des remplacements ne devrait pas être trop difficile… Mais ça ne se décide quand même pas du jour au lendemain, surtout si je décide d’être un peu sélective sur les médecins que je vais remplacer… Et je prospecte dans quel secteur ? Le mien, qui a l’avantage de ne pas me faire partir trop loin de la maison, mais l’inconvénient de risquer de me retrouver face à d’anciens patients ? Ailleurs, plus loin, avec la nécessité de se familiariser avec un nouvel environnement ? (j’aime pas le changement, ça se voit?!)

Pffffffffffffffff…

J’ai déjà pas l’énergie d’emmener mes gosses à la piscine, ou même de faire un gâteau pour le goûter… Alors prendre des décisions…
Quand j’imagine toutes les démarches qui ne vont pas manquer d’être nécessaires pour dévisser ma plaque (dans ONZE MOIS, donc)… Je me sens juste désespérée d’avance…
Surtout que #MonAssocié risque de ne pas trouver mon idée à son goût… S’il décide de me mettre des bâtons dans les roues, ça va être chaud…

Bon bon bon…

En même temps, même si je me sens un peu au pied du mur et que ce n’est pas très confortable, cette situation présente des avantages : notamment celui de me mettre un coup de pied au cul, de ne pas me laisser le choix, et de faire avancer mes projets pour de vrai, et plus seulement dans mes rêves…

Un gros changement, juste l’année de mes 40 ans…
C’est flippant, mais quand même sacrément excitant !

(A tel point que je serais presque déçue s’il trouvait un successeur, finalement!)

NB : Cher lecteur, si tu as des idées que je n’ai pas eues, si tu as des pistes de réflexion pour moi, si tu as vécu la même situation ou presque… N’hésite pas à m’en faire part dans les commentaires, je me sentirai moins seule sur ce coup là <3

Le chemin

(Que ceux qui auront la chanson de Kyo en tête après avoir lu le titre veuillent bien me pardonner ^_^)

Ça fait longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles par ici… Non pas que j’imagine que la blogosphère se languisse de savoir ce que je deviens ! Mais ce blog a pour moi vocation à laisser une trace (pour moi en 1er lieu) de mon parcours de « médecin généraliste qui aimerait bien faire autre chose dans la vie ». Et à lire les commentaires et témoignages extrêmement touchants que je continue de recevoir malgré mon inactivité bloguesque, je me dis que ce petit blog garde sa raison d’être, pour d’autres aussi…

Bref!

J’en étais restée, dans mon dernier billet, à ma formation en énergétique, dont la 1ère année a été riche et passionnante, tant sur le plan théorique qu’humain. J’ai appris beaucoup, fait de belles rencontres, élargi mon point de vue. Je n’y vois que du positif. Cependant, j’ai décidé de ne pas m’inscrire en 2e année. Pas tout de suite.

Pourquoi?

Parce que le but de cette formation pour moi c’était aussi d’apprendre un métier, et de pouvoir l’exercer rapidement, pour sortir d’un système de santé auquel je ne crois plus. Quand je me suis inscrite, j’avais des envies d’ailleurs, de claquer la porte de la médecine générale, de dévisser ma plaque, vite. Pour prendre un virage à 180°.

Aujourd’hui je suis plus mesurée. L’objectif est toujours le même : déplaquer. Parce que je ne vois pas mon avenir dans les conditions qui s’annoncent, avec les lois et conventions qu’on nous impose progressivement (mais j’y reviendrai peut-être dans un autre billet)

Mais aujourd’hui j’arrive à envisager une transition, en douceur, progressive…

Parce que mes conditions d’exercice actuelles sont tout de même très favorables (j’aimerais y revenir aussi dans un autre billet, d’ailleurs!) même si je me plains toujours beaucoup ! Je pense réussir à tenir dans de bonnes conditions pendant encore quelques années. Surtout si je sais que j’ai une porte de sortie à moyen terme.

Mais cette transition, je ne me vois pas la mettre en place avec une formation d’énergéticienne. Parce que c’est encore trop loin de qui je suis aujourd’hui. Et que faire cohabiter ces deux activités, ça finirait par me rendre schizophrène ! J’ai besoin de temps pour faire la part des choses (je suis restée en lutte pendant tout le temps de ma formation, entre une partie de moi qui se retrouvait vraiment dans ce qu’elle entendait, et l’autre qui criait « attention, charlatanisme, ne te laisse pas embobiner ») J’ai besoin de laisser décanter, de lire, d’échanger, de m’approprier ce qui me correspond et de laisser le reste. Il y a vraiment des choses qui me parlent, notamment en médecine chinoise. La tradition indo-tibétaine m’est plus difficile à appréhender. La naturopathie, bien que vraiment très intéressante sur le fond, a des côtés qui m’horripilent un peu (les gens qui reviennent de chez le naturopathe en demandant une coloscopie « parce que j’ai une faiblesse à l’intestin » je peux pas, ça me hérisse, vraiment…) et l’idée de recommander des compléments alimentaires, avec tout le marketing qu’il peut y avoir derrière, je ne veux pas.

Donc j’y reviendrai sans doute, plus tard, plus mûre, plus consciente de la finalité de la formation, moins dans l’attente irréaliste d’une médecine alternative parfaite et libérée de toute influence…

Je n’abandonne pas pour autant l’idée d’un virage professionnel (de toute façon, vu ce qui se trame en hauts lieux, il faut avoir une porte de sortie, c’est obligé pour moi…)

J’ai décidé que mon DPC cette année serait consacré à l’hypnose. Je n’avais jamais vraiment envisagé de me diriger dans ce sens, mais j’ai reçu une proposition pour 4 jours d’initiation à l’usage de l’hypnose en médecine générale, alors c’est l’occasion qui a fait le larron… J’ai une obligation de formation à respecter, on me paye pour ça… Pourquoi s’en priver ?! Je n’en attends rien de particulier, peut-être que ce sera une révélation, peut-être pas, on verra bien ! (ce sera à la fin du mois, à Lyon)

Et pour 2015, je me suis inscrite à une formation de sophrologie (pour rester dans les états de conscience modifiés…) 5 stages, de janvier à octobre, avec la possibilité de proposer des séances à mes patients dès la fin de l’année. J’espère pouvoir m’en servir dans les troubles du sommeil, la souffrance au travail, la gestion du stress, etc… Ensuite, possibilité de faire une 2e année, avec des spécialisations dans différents domaines, selon les centres d’intérêt (maternité, enfance et adolescence, sport, sexo…) J’adresse déjà beaucoup de mes patients à une correspondante, psychologue de formation, installée comme sophrologue-relaxologue depuis de nombreuses années (celle-là même qui m’a accompagnée pendant 5 ans, après la naissance de ma 1ère fille, dans le tourbillon qui s’en est suivi) J’ai des retours de certains d’entre eux, qui y sont allés, et ont apprécié sa prise en charge… Je pourrais sans doute m’occuper moi-même certains de mes patients, petit à petit…

Et selon l’intérêt suscité, après une période de transition pendant laquelle j’espère pouvoir compléter mon cursus avec une formation en « relation d’aide » (celle que je veux faire s’étale sur 2 ans) je pourrais peut-être envisager de me consacrer entièrement à une activité de psychothérapeute (puisque mon doctorat en médecine me permet d’utiliser ce titre) en utilisant la sophro comme outil.

Objectif : déplaquage dans 3 ou 4 ans, donc… Je vous donne RDV ici pour en parler ! ^_^

Voilà où j’en suis…

Parfois, tout me parait limpide, je n’ai aucun doute sur la faisabilité de mon projet, je sais que ça va le faire, parce que c’est ce que j’aime et que je suis faite pour ça…

Parfois, je suis pétrie de doutes, je me demande pourquoi vouloir à tout prix quitter un métier qui me permet de gagner correctement ma vie, pourquoi ne pas plutôt me perfectionner en MG (gynéco, écho, ponctions et infiltrations des grosses articulations, passer quelques journées aux urgences pour garder la main sur les voies veineuses, injections IV, sutures et petites immobilisations…) pour devenir ce médecin que je voulais être, avant…

Alors pour le moment j’essaye surtout de mettre un pied devant l’autre, de faire une médecine générale « de base » de qualité, et d’aller vers ce qui m’appelle le plus fort pour la suite…

Advienne que pourra…

J’espère que je retomberai toujours sur mes pieds quoi que l’avenir me réserve…

Coming-out

Je n’ai pas écrit ici depuis fort longtemps…
Les choses bougent beaucoup pour moi, et j’ai du mal à en parler.

Dans la vraie vie comme dans celle-ci !

J’ai commencé une formation depuis novembre. J’en parlais ici sans entrer dans les détails… J’ai envie de le faire aujourd’hui.

 
La formation que j’ai choisie, celle qui me faisait vibrer depuis des mois, c’est une formation de Praticien en Énergétique.

En disant ça, j’ai vraiment l’impression de faire un coming-out !

Je suis quelqu’un de très cartésien à la base, issu d’un milieu familial scientifique, évoluant dans une profession on ne peut plus « sérieuse »… Alors comment en suis-je arrivée à m’intéresser au soin « non conventionnel » ?

A vrai dire, c’est la vie qui m’a guidée… Les rencontres, les échanges, les « hasards »…

Le fait est que j’ai toujours été attirée par « une autre façon de soigner ».
Je me suis sentie un peu extra-terrestre durant toutes mes études…

Je ne me retrouvais pas dans ce qu’on nous apprenait, la manière dont on nous l’apprenait… Prendre en compte le patient dans sa globalité? On nous en parlait tout le temps, mais j’avais l’impression que ce n’était jamais le cas, finalement…
J’ai choisi la médecine générale pour pouvoir appréhender le patient dans cette fameuse globalité. C’était un choix délibéré.
Mon stage chez le praticien, je l’ai fait chez un médecin généraliste acupuncteur et homéopathe. Par choix également.
J’ai toujours été attirée par la possibilité de pouvoir soigner sans médicaments.
J’avais un temps envisagé de faire une formation en homéopathie dès mon internat, pour pouvoir ensuite faire des remplacements de généralistes homéopathes. Mais bon, c’était trop cher, et puis j’ai été enceinte, j’ai eu d’autre priorités…
J’ai commencé ma « sophro-thérapie » après la naissance de ma 1ère fille… Sur les conseils d’une homéopathe (j’en avais parlé ici).
Par la suite, avec l’expérience des remplacements en médecine générale, j’ai vite réalisé que les patients avaient un grand besoin de parler. Et d’être écoutés. Et que ce dont je bénéficiais à travers ma thérapie, ils en auraient sans doute besoin aussi !

J’ai alors voulu me former à l’écoute (je ne me voyais pas sophrologue… La parole me semblait une approche suffisante).

J’ai fait un stage d’initiation à l‘Approche Centrée sur la Personne selon Carl Rogers. Une révélation ! Moi qui croyais savoir écouter, je tombais de haut !
Cependant, avec l’envie de devenir psychothérapeute, je ressentais le besoin de me former à une autre approche ; avec plus d’outils pratiques, pour pouvoir guider le patient de façon plus active que dans l’ACP.
C’est à cette période que j’ai découvert l’école que je fréquente actuellement, et qui propose une approche holistique basée sur 4 piliers : la relation d’aide, la sophrologie, les massages et l’énergétique.

 
A la base, j’étais vraiment partie sur la relation d’aide.
Et puis les patients eux-mêmes m’ont fait découvrir la microkiné.

C’est drôle comme parfois on a l’impression que « l’Univers » s’amuse à enfoncer le clou pour s’assurer qu’on a bien eu le message !
En l’espace d’un mois, plusieurs patients, ma secrétaire et ma sage-femme me racontaient cette méthode un peu bizarre aux résultats étonnants.

Parmi les femmes que j’ai côtoyées lors de ma période « forum de maternage », beaucoup étaient portées sur la kinésiologie, le reiki, les fleurs de Bach et autres élixirs floraux…

J’ai beaucoup lu leurs discussions, sans trop y participer. Au début on trouve ça loufoque. Et puis quand on s’y intéresse, on se rend compte à quel point ça a du sens, au contraire.
Le point commun à toutes ces approches, c’est leur action au niveau émotionnel. Repérer et soigner les cicatrices émotionnelles, au niveau énergétique.
Peut-être plus tard j’expliciterai plus précisément le concept, que je ne maitrise pas encore vraiment, et qui est un peu difficile à accepter pour un esprit cartésien, mais vraiment ça me parlait trop pour que je l’ignore.
Et de fil en aiguille, j’ai participé à une journée d’initiation, qui m’a confirmé que c’était tout à fait ce que je voulais faire : rester dans le soin, mais à un autre niveau.

Et me voilà donc lancée dans cette aventure !

Alors, je ne dis pas que tout est simple, que tout coule de source : j’ai encore beaucoup de mal à me projeter en tant qu’énergéticienne… J’ai peur de perdre toute crédibilité… Utiliser les couleurs, les sons, les cristaux… Ressentir l’aura des organes… Travailler sur les chakras… C’est juste une autre dimension pour moi !

Du coup, je n’exclue pas de me former également en relation d’aide pour avoir une image et une approche plus conventionnelles, et pouvoir travailler sur plusieurs niveaux… Mais c’est un gros boulot, vraiment. Le contenu théorique est quand même très lourd, que ce soit sur la tradition chinoise ou indo-tibétaine… Alors rajouter la relation d’aide à cela, je ne sais pas si c’est très raisonnable…

Pour le moment, j’avance doucement, on verra bien par la suite…

J’ai longtemps hésité à parler de ce projet… Sans doute avec la même crainte de perdre ma crédibilité, de passer pour une apprentie charlatanologue.

J’ai bien lu ce billet de PerrucheEnAutomne.

Et des remarques et moqueries sur Twitter j’en lis tout le temps (sur l’homéo, la lune, les patients qui ont des « croyances bizarres », les naturopathes…)

Mais bon…

Après tout chacun son opinion…
Je pense néanmoins qu’on critique et qu’on moque parfois un peu trop facilement ce qu’on ne connaît pas, ce qu’on ne comprend pas… Chacun gagnerait sans doute à élargir son point de vue…

De mon côté, je ne remets pas du tout en cause l’approche conventionnelle, je continue d’ailleurs de pratiquer une médecine générale on ne peut plus classique.
Cependant, je crois qu’on est tous confrontés au quotidien aux limites de ce que la faculté nous apprend.

Les malaises inexpliqués, les symptômes fonctionnels sans gravité mais à fort retentissement pour le patient, les enchaînements troublants de pathologies diverses sans liens apparents…

Je suis sollicitée quotidiennement pour ce genre de situations.

J’essaye de rassurer : « Non, je ne sais pas exactement ce que vous avez, mais je sais que ce n’est pas grave, donc on ne va rien faire de plus »
C’est une attitude respectable.
Mais c’est difficile à accepter.
Pour tout le monde.

Pour le patient qui reste avec ses symptômes parfois invalidants (« mais docteur, parfois je perds connaissance… si ça m’arrivait au volant…. ») et pour le médecin qui se trouve impuissant (« je sais bien, mais tous les bilans sont normaux, il faut attendre de voir comment ça va évoluer…. »)
Je pense que c’est très sain d’accepter ses limites, et de (re)prendre conscience que le médecin n’est pas en mesure de soulager tous les maux.

Mais notre vision de la santé est tout de même très étriquée, quand on la met en perspective avec d’autres traditions, d’autres cultures… Personnellement, je trouve l’approche énergétique très cohérente.

Avoir une réflexion sur le corps et l’âme, dans leurs différents plans et sous-plans… C’est passionnant.

Travailler sur l’idée que tout ne s’explique pas au niveau cellulaire, moléculaire…

Que nous sommes mus par des centres d’énergie, qui peuvent être en état de faiblesse ou au contraire de plénitude, avec des retentissements somatiques ou psychologiques.

Que les troubles fonctionnels ne sont pas que « psycho »somatiques… Que ce n’est pas « dans la tête que ça se passe ». Que c’est une histoire de déséquilibre plus global…

Par exemple, les cystites à répétition… Ce n’est pas « normal », on ne sait pas pourquoi le patient n’arrive pas à s’en débarrasser, on sait que le bombarder d’antibiotiques n’est pas satisfaisant et a des répercussions qui ne sont pas anodines, mais on ne sait pas faire autrement… Et on ne peut pas dire que « c’est dans la tête que ça se passe », il ne va pas aller chez le psy pour ça…

Alors on fait quoi?

L’approche énergétique est-elle un leurre pour nous donner l’impression qu’on peut tout expliquer et tout soigner ? Peut-être… Ou pas… Dans ma formation, ce n’est pas ce qu’on m’apprend en tout cas. On n’est pas des apprentis magiciens, on n’apprend à duper les gens…On nous enseigne une approche diagnostique et thérapeutique, complémentaire de la médecine conventionnelle (l’idée étant d’intervenir avant que les troubles ne soient installés au niveau cellulaire)

Le hic, c’est que ça manque clairement d’études, d’évaluations, d’objectivité… Mais est-ce qu’on peut vraiment tout étudier, évaluer, de façon objective?
Comme dans tous les domaines, je pense qu’il y a des abus, des praticiens qui sont plus intéressés par le profit que par le service rendu au patient…

Mais je pense qu’il y a aussi des gens très sérieux, qui ont une vraie compétence, et qui ne doivent pas être mis dans le même panier que les charlatans de tous bords…

 
Et j’espère être de ceux-là…

 

 

C’est un devoir de se battre pour défendre nos droits

soutien-aad

Les sages-femmes s’enflamment.

Et elles ont raison…

Les accouchements à domicile sont menacés…

Ils ne concernent qu’une toute petite proportion des accouchements, me direz-vous, alors pourquoi s’emballer? Et puis qu’est-ce que c’est que cette idée farfelue (voire dangereuse) de vouloir accoucher chez soi (sans péridurale, donc, ouhlala…) et loin de la sécurité et de la modernité hospitalières… [idées reçues, bien sûr, ne me prenez pas au mot!]

J’ai trouvé l’argument que je trouve le plus convainquant sur le blog « Pour le droit de choisir son accouchement » (ainsi que le titre de ce billet d’ailleurs) : personne n’imaginerait forcer une femme qui veut accoucher en maternité à accoucher chez elle… Alors de quel droit imposer la maternité à une femme qui souhaite accoucher chez elle? C’est bête comme chou, hein, alors pourquoi c’est tellement difficile à faire passer, comme notion??

Il y a plein d’autres bonnes raisons, allez les lire, ça coule de source…

Le pourquoi du comment de la menace qui pèse sur les sages-femmes qui accompagnent les AAD est très bien expliqué sur le blog sus-cité, ainsi que chez l’incontournable DixLunes et puis chez Claire, aussi, et à plein d’autres endroits du net!

Il y a une pétition à signer si ce n’est pas encore fait.

Un groupe FaceBook à rejoindre.

Et des rassemblements sont prévus dans toute la France le 26 octobre 2013.

Voilà, je crois que j’ai dit le plus important. Maintenant je vais raconter ma vie!

Sur cette carte, vous pouvez constater qu’il n’y a pas de rassemblement prévu dans le Nord-Est, hormis à Strasbourg… J’ai un peu pesté, j’y serais bien allée,moi, pourtant… Et puis en y réfléchissant 2 minutes, ça semble finalement très logique: il n’y a pas de sage-femme AAD à soutenir dans cette région, nous n’avons déjà plus le choix par ici…

L’AAD n’a jamais été un souhait pour moi lors de mes 4 grossesses, en tout cas pas en premier choix (si j’avais un 5e enfant, ce qui ne sera pas le cas, je crois que j’aimerais qu’il naisse chez moi, mais ce n’était pas mon projet jusqu’ici)

Par contre, j’ai envisagé de traverser la frontière pour aller accoucher dans une VRAIE maison de naissance, lors de ma 4e grossesse…

En effet, j’ai vécu 2 accouchements « classiques » en maternité pour mes ainées, avant de savoir qu’on pouvait faire d’autres choix… Et puis il y a eu la préparation de ma thèse sur l’allaitement, le désir d’interroger des femmes sur leur expérience, qui m’a amenée à fréquenter des forums de discussion, et un en particulier dont la vocation était d’informer sur « la naissance respectée ». Heureux hasard… Ça tient à si peu de choses, parfois…

J’ai donc découvert avec stupéfaction et scepticisme que des femmes pouvaient sérieusement envisager de se passer de la sécurité hospitalière et de la sacro-sainte péridurale pour donner naissance à leur enfants… (à l’époque, je pensais vraiment que l’hôpital était gage de sécurité, et j’aurais donné cher pour avoir le privilège d’accoucher dans une maternité niveau 3 alors qu’il n’y a « que » des niveaux 2 à proximité de chez moi)

Au fil des lectures et des échanges, j’ai mieux compris.

Et pour ma 3e grossesse, j’ai eu la chance d’être suivie par une sage-femme qui pratique l’accompagnement global (suivi de la grossesse, et présence lors de l’accouchement, en plateau technique)  Je crois que tant qu’on n’a pas expérimenté la chaleur, l’humanité, la confiance, qui se vivent au cours de ce type de prise en charge, on ne peut pas se rendre compte à quel point c’est précieux…

Pour ma part, j’ai développé une grande tristesse à l’idée que la plupart des femmes ne savent même pas qu’elle peuvent bénéficier d’autre chose, pour une grossesse sans complications, que d’un examen mensuel chez leur obstétricien, souvent purement technique et protocolaire…

Quant au jour de l’accouchement, je me souviens comme j’étais en panique lorsque le travail s’est fait plus intense (« mon dieu, qu’est-ce que j’ai fait, pourquoi je me suis embarquée dans cette galère, ça fait maaaaal, je vais jamais y arriver »)… En arrivant à la maternité, le seul fait de retrouver le visage bien connu de « ma » sage-femme a suffi à faire baisser d’un cran ce stress qui me privait de mes moyens pour gérer ce qui m’arrivait… Elle n’a eu de cesse de me rassurer, de me guider, de m’encourager… Je sentais qu’elle n’avait aucun doute sur ma capacité à faire naitre ce bébé, qu’au moindre problème elle saurait faire le nécessaire… Et tout cela m’a permis de trouver en moi une force insoupçonnable pour donner naissance à mon bébé « moi-même »…

On peut se demander l’intérêt d’en passer par là alors que « quand même avec une péri, il serait né aussi, ce bébé, et sans que sa maman souffre »…

Je ne saurais pas l’expliquer, en fait, « l’intérêt »… Pour ma part, ayant vécu une dépression du post-partum pour mon premier enfant, avec une grande difficulté à créer un lien avec elle, la différence est évidente, dans ce lien immédiat, ce premier regard échangé dans le calme qui suit la tempête, un regard qui n’est pas parasité par des produits anesthésiants, un fonctionnement hormonal qui n’est pas modifié par une injection d’ocytocine…

Évidemment, beaucoup de femmes diront qu’elles n’ont eu aucune difficulté à créer du lien avec leur bébé après un accouchement médicalisé. Et certaines femmes ayant accouché de façon physiologique développeront quand même une DPP… Les choses ne sont pas si simples… C’est pour ça que c’est difficile de convaincre quand on parle de l’intérêt de ne pas médicaliser la naissance…

Mais mon propos n’est absolument pas de convaincre de quoi que ce soit, de toute façon… Le but de ce billet est de contribuer à une mobilisation pour permettre au femmes de continuer à avoir LE CHOIX de leur accouchement.

Ceci dit, et pour continuer sur le thème  « ma vie mon œuvre », on peut se demander pourquoi je n’ai pas fait le même choix pour ma 4e grossesse?

Tout simplement parce que cette sage-femme a perdu l’accès au plateau technique… Et pas du tout pour une faute professionnelle…

J’ai donc du chercher une autre solution…

Après cette expérience, je ne pouvais pas envisager de revivre une naissance déshumanisée, d’être immobilisée sur le dos, les pieds dans les étriers, perfusée et monitorée… Ce que j’avais vécu comme normal lors de mes premiers accouchements, je l’envisage aujourd’hui comme une grande violence… Je ne voulais pas prendre le risque de « la loterie » (parce que dans les maternité, il y a heureusement des sages-femmes tout à fait humaines et prêtes à accompagner un accouchement physio dans la mesure de l’activité du service ce jour-là… Mais comment accepter de prendre le risque d’être prise en charge par « un autre genre de sage-femme »? (qui existe aussi, ne nous voilons pas la face!)

A cette période, j’ai envisagé un AAD… S’il y avait eu une sage-femme pratiquant les AAD, j’aurais fait ce choix, même si ce n’était pas forcément mon rêve. Cela n’a de toute façon pas été possible, il n’y en a pas par chez moi.

J’ai visité une maison de naissance en Allemagne, et j’y ai trouvé tout ce que je recherchais… En maison de naissance, j’aurais eu une sage-femme pour moi toute seule, dans un environnement tellement accueillant que c’est difficile à imaginer avec notre modèle des salles de naissance complètement déshumanisées… Savoir qu’en cas de soucis, un transfert serait organisé vers un hôpital « partenaire », dans les meilleurs délais… Accoucher en toute sérénité, avec un accompagnement personnalisé, dans des conditions « presque comme à la maison », mais sans y être…

Je ne m’étendrai pas sur les (plus ou moins bonnes) raisons qui n’ont pas permis à ce projet d’aboutir (la barrière de la langue, essentiellement, et puis les sous, aussi… c’est pas remboursé ce genre de choses, même si ça coute moins cher que d’accoucher en structure… et je n’ai pas la pugnacité d’Eudes…) mais j’ai encore aujourd’hui le cœur serré à l’idée de ce qu’aurait pu être mon accouchement..

Car au final, j’ai du me résoudre à aller à la maternité (niveau 1, c’est un moindre mal) J’y suis arrivée à 18h30 (à 3cm de dilatation, hein, j’ai pas volontairement attendu le dernier moment), ma fille est née à 19h, dans le box d’examen; et pendant cette demi-heure, j’ai été allongée, monitorée, questionnée (sur le suivi de ma grossesse et mon projet de naissance, car j’en avais un, forcément…), une tentative de perfusion a échoué… Et après la naissance, le changement d’équipe aidant, j’ai tenté de faire connaissance avec mon bébé dans un box dont les 2 portes étaient ouvertes, toutes lumières allumées, avec environ 6 personnes qui faisaient des allées et venues autour de nous. J’ai aussi eu droit à ma voie veineuse, en cas d’hémorragie de la délivrance, vous comprenez, il n’y a pas eu de délivrance dirigée, on ne veut pas prendre de risques…

Bon, ceci dit, j’ai déjà raconté cet épisode de façon beaucoup plus positive, je l’admets: j’ai accouché sur le côté, je n’ai pas eu d’épisio, ni d’injection d’aucune sorte; mon bébé ne m’a pas quittée, elle n’a pas été aspirée, baignée, la perméabilité de ses orifices n’a pas été vérifiée en y faisant passer diverses sondes… Donc quelque part « je ne devrais pas me plaindre »

Et pourtant si, je me plains: s’il y avait eu une sage-femme pratiquant les AAD dans mon secteur, j’aurais accouché chez moi, et les choses se seraient passées autrement…

Bon… J’aurais peut-être eu un ANA (Accouchement Non Assisté, ndlr ^^), aussi, vu la rapidité de cette naissance, et ça je ne suis pas sûre que j’aurais apprécié… Mais rétrospectivement, j’aurais aussi bien pu accoucher dans ma voiture sans assistance si j’avais été plus loin de la maternité…

Bref, on ne refait pas l’histoire…

J’ai 4 enfants qui vont bien, je n’en aurais pas d’autre, et je vais bien moi aussi.

Par contre, je crois que le monde de la naissance aujourd’hui ne va pas bien, c’est pourquoi je veux participer à la mobilisation autour des sages-femmes qui pratiquent l’AAD, pour leur permettre d’exercer leur métier selon leurs convictions, et pour permettre aux couples d’avoir le choix de donner naissance à leurs enfants dans les conditions qui sont les meilleures pour eux.

Cher confrère

Hier soir, en sortant de chez l’acupuncteur, je me suis attardée devant la plaque d’un cabinet de médecine générale. De ville.

Parce qu’il y avait de la lumière.

Pour voir comment les autres organisent leur activité.

Et j’y ai lu avec stupéfaction:

« Consultations libres: 7h30-12h30 / 16h-21h »

o_O  (bon, a priori, il ne consulte pas le mercredi, mais quand même…)

Ça m’a fait l’effet d’un uppercut…

Outch…

A l’heure où j’essaye de me persuader que mes choix d’exercice sont légitimes (les RDV plutôt que la consultation libre, le dernier RDV à 18h30, touça touça), où je résiste tant bien que mal à la demande pressante des patients de rajouter 1 puis 2 puis 3, puis encore plus de créneaux de RDV en fin de journée « pour les gens qui travaillent tard », où je prends moi-même des RDV à 19h chez l’acupuncteur sus-cité parce que ça m’arrange bien qu’il consulte tard…

Ça m’a ébranlée de voir le rythme que certains s’imposent…

Est-ce cela qu’on attend de nous??

Bon, quoi qu’il en soit, heureusement que chacun travaille comme il l’entend, cela permet aux patients de choisir leur médecin selon ces critères là aussi… Mais je me demande sincèrement comment on peut vivre à ce rythme-là… Certes, c’est rendre un service aux gens, se rendre disponible…

Mais non, quoi, non, vraiment…

Cher confrère, je pense bien à vous, et j’espère que vous tenez le coup… Sincèrement.